Amusante, cette nouvelle polémique sur l’éventuelle rémunération de Sarkozy comme conférencier de luxe ! Après avoir été vilipendé comme “Président des riches”, voici qu’on voudrait lui interdire d’être un ex-président nouveau riche. Qu’on se le dise : ce que Blair, Thatcher, Clinton, et tant d’autres ont fait avant lui, Sarko doit se l’interdire. Au fait, Giscard, lui aussi tombé très jeune de son piédestal – il avait 55 ans en 1981 -, n’a-t-il pas tarifé, et fort cher, ses interventions internationales ?
Pauvre Sarko
Normal, vous avez dit normal ?
C’était le grand jour de Jean-Marc Ayrault et on n’en aura gardé qu’une petite impression. Peut-être est-ce l’exercice, finalement très convenu, de ce discours fleuve de politique générale, qui lasse, à l’heure où la « tweet mania » a remplacé la rhétorique politique. Que peut-on dire en 1h40 qu’on n’aurait dit en 140 signes ? L’impact s’en trouve évidemment dilué… Plus sérieusement, il faut admettre qu’Ayrault ne sort pas en héros de ces deux jours de séquence politique dont il était pourtant le protagoniste.
N’enterrez pas Mme Royal
Au risque d’être seule de mon avis, tant l’hallali est bruyant, j’avoue trouver disproportionnée l’humiliation infligée à Ségolène Royal. On objectera qu’elle l’a bien cherché. Que l’ex chantre de la démocratie participative a été punie par où elle avait péché : l’arrogance, la sous-estimation du risque, la sur-estimation de soi. La « Madone du Poitou-Charentes » réincarnée en héroïne déchue du parisianisme… Soit.
Les pros de la com… et du calcul mental
Alors là, chapeau ! On croyait Sarko roi de la com, l’homme aux 10 millions d’euros de sondages, conseillé par Goudard et consorts, flanqué du très pro Franck Louvrier… On avait tout faux. Les as de la com, ce sont les nouveaux maîtres du pouvoir. Pensez un peu : comment passer pour le type économe, soucieux des deniers publics, obsédé du déficit… tout en dépensant 3 milliards d’euros en un conseil des ministres ? Très simple.
Ayrault héros de Nantes
Pour ceux qui seraient pris d’une fulgurante envie de se documenter sur Nantes, je signale deux cahiers régionaux du Nouvel Observateur (octobre 2011 et janvier 2012) réalisés par Agence Forum News… dont je suis assez contente !
Les 5 paradoxes du 6 mai
1- Ce que Nicolas Sarkozy a le mieux réussi, c’est sa sortie. Un vrai beau discours, charismatique, classe avec le vainqueur, lucide sur son échec. Il en assume seul la responsabilité. Chapeau ! On se dit que cet homme ferait un bon président de la République…
A moi, Comte, deux mots…

Ce que le public attendait
Duel ou débat ? Débat, clairement. Plutôt pas mal, d’ailleurs. Personne n’a refusé le combat, mais les deux ont forcé leur nature et joué à front renversé.
Reprise
Et oui, plus d’un an de silence…
Bloguer est une discipline, un sport quotidien… Il faut donc s’y remettre, et cette fois-ci sérieusement !
I am the best !
L’autosatisfaction, ou plutôt l’autoglorification est en train de devenir un mode d’affirmation politique très répandu. Jean-François Copé, enivré par sa prise de pouvoir à l’UMP, souriait récemment, en rappelant que, quand on est jeune et talentueux, quelles que soient les embûches semées sur son parcours, on y arrive toujours. Suivez son regard, à lui qui a beaucoup de talent, et qui est encore assez jeune… Dominique de Villepin, qui n’a jamais pratiqué “l’under-statement” cher aux Anglo-saxons – et dont les Français se rappellent encore le torse sortant de l’onde magnifiquement exposé, à l’issue d’un mémorable jogging – se dit carrément « tout nouveau, tout beau » pour la présidentielle de 2012. Et Ségolène Royal, en avouant simplement au Monde son envie de succéder à François Mitterrand, se hisse sans complexe au niveau de l’ancien président, glorifié par le souvenir. On objectera qu’elle n’est pas la seule à revendiquer l’héritage… Mais Ségolène se reconnaît plus de droits que les autres, comme une filiation naturelle. Quant à Nicolas Sarkozy, il n’avait de cesse de rappeler, avant le remaniement, que s’il devait se mêler de tout, c’était en hyperprésident contraint par les maladresses de ses ouailles. Même son ami très proche, Brice Hortefeux, en avait fait les frais, quand Sarko avait lancé son mémorable « j’ai tué le métier de ministre de l’Intérieur ».
Assurer soi-même sa propagande plutôt que de compter sur les autres : voici la nouvelle mode rhétorique très en cour chez les responsables politiques. Dépassés, les réseaux et relais censés dire du bien de tel ou tel. Place au direct : je suis le plus fort, le plus intelligent, le plus beau… “I am the best”, vous dis-je !
Mais parfois, on n’est jamais si bien desservi que par soi-même.
Atomique Ségolène
On prenait Ségolène pour une madone, c’est en réalité une bombe. Elle fait tout exploser sur son passage : les codes, les agendas, les usages de la politique. On la croyait rentrée dans le rang, tout sourire avec Martine qui faisait mine de la prendre pour son alter ego. La première secrétaire du PS n’avait pas hésité à lui demander de la remplacer en prime time à la télévision, quand elle avait eu ses ennuis de santé.
Mais revenue sur le devant de la scène, Ségolène préparait déjà sa nouvelle sortie. Aubry lui aura servi l’occasion sur un plateau, en l’incluant imprudemment dans son « pacte » des primaires. Royal feint alors de se cabrer : on ne parle pas en son nom, à sa place, c’en est trop ! Et voilà la double explosion nucléaire : elle annonce sa propre candidature à la primaire socialiste, et propose à Dominique Strauss-Kahn un « ticket », un jumelé dans le désordre : lui à Matignon, elle à l’Elysée. Et Martine alors ? Au Quai ? A Bercy ? Le souffle nucléaire n’est pas encore retombé, au PS. Mais le spectacle est à la désolation. Cela faisait longtemps que la droite n’avait pas passé un aussi bon moment.
Les cinq reniements du remaniement
Tout est étrange, dans ce remaniement. La reconduite de Fillon, la manière, le timing – jusque dans cette accélération de dernière minute, qui ne fera pas oublier la paralysie des 5 derniers mois. Mais s’il laisse l’avenir mystérieux, il éclaire d’un jour étonnant, en creux, les trois premières années et demie du quinquennat. Comme si Nicolas Sarkozy – une fois n’est pas coutume – avait décidé de surligner ses propres échecs et de les corriger. Avec le remaniement, le coq gaulois a chanté cinq fois.
Les mauvaises raisons de détester Martin Hirsch
Avec son petit livre sur les conflits d’intérêt (*), Martin Hirsch s’attendait à jeter un pavé dans la marre, pas à être lui-même à ce point éclaboussé. Le voilà accusé par toute la droite (ou presque), de haute trahison. Il y a dans cet hallali quelque chose d’inutile, de malsain et de contradictoire. Comme si l’on reprochait à la fois à Martin Hirsch de “balancer” (contre Longuet, Copé et quelques autres), tout en affirmant qu’il n’y a rien à voir … S’il n’y a pas de sujet, pourquoi faire tant de bruit ?
Et bien si, justement, il y a un sujet. L’actualité ne cesse d’en fournir des exemples. En ne clarifiant pas, en amont, ce qu’est une situation de conflit d’intérêt, la classe politique se condamne à se faire taper sur les doigts quand la “prise illégale” d’intérêts est démontrée, et sévèrement réprimée. C’est ce qu’explique très bien Hirsch: à force de croire que tout le monde est honnête a priori, on finit par donner l’impression que personne ne l’est, a posteriori. Le pouvoir actuel s’honorerait à traiter le sujet, et il en tirerait même bénéfice, soulignant, en creux, que la gauche s’est bien gardée de s’attaquer au problème, quand elle était aux affaires.
Mais la raison plus sournoise du tollé qu’a soulevé Hirsch, c’est que la droite ne lui pardonne pas de jouer contre son camp d’adoption. Or Hirsch n’a jamais prétendu être soluble dans “l’ouverture”. Il est même l’exact contraire de Besson qui, tel un converti, affiche en surenchère ses nouvelles croyances.
Ce que la droite, en revanche, pourrait reprocher à l’actuel président de l’Agence du service civique, c’est d’avoir supporté pendant si longtemps une situation aussi manifeste de conflit d’intérêts intérieur entre sa conscience politique et le gouvernement auquel il appartenait…
(*) Pour en finir avec les conflits d’intérêt, ed. Stock